mercredi 8 octobre 2008

Charles Péguy avait dit très tôt,comme john trudell a dit aussi


Charles Péguy (1813-1914) écrivain français Pour la première fois, dans l'histoire du monde,
les puissances spirituelles ont été toutes ensemble refoulées non point par les puissances matérielles mais par une seule puissance matérielle qui est la puissance de l'argent.(...)Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est maître sans limitation ni mesure.
Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est seul en face de l'esprit. (...)
Il ne faut donc pas dire seulement que dans le monde moderne l'échelle des valeurs a été bouleversée. Il faut dire qu'elle a été
anéantie, puisque l'appareil de mesure et d'échange et d'évaluation a envahi toute la valeur qu'il devait servir à mesurer, échanger, évaluer. (...)
Tous les autres mondes (que le monde moderne) ont été des mondes de quelque spiritualité. Le monde moderne seul, étant le monde de l'argent, est le monde d'une totale et absolue matérialité. Ainsi le monde moderne ne s'oppose pas seulement à tel ou tel autre monde. Il s'oppose, il se contrarie à tous les autres mondes ensemble et d'un même mouvement. (...)
C'est partout la pensée qui est visée, la métaphysique, la liberté, la fécondité. C'est l'âme même que l'on veut atteindre et réduire une fois pour toutes.
C'est le spirituel sous toutes ses formes et dans tous les êtres que l'on veut réduire.
Dans ces conditions, je considère comme insidieuse et criminelle, comme frauduleuse et dangereuse, comme pernicieuse et traîtresse toute politique qui tend à défaire du spirituel.

lundi 6 octobre 2008

De Retour/ MAKA OYATE

Nous ne pouvons pas mener, plusieurs chevaux à la fois , aussi me revoilà avec ce texte:

MAKA OYATE

Ce sont des projets d'échanges pour la paix et la rencontre, avec des communautés pour revisiter l'urgence, de s'unir, nous le peuple de la terre, pour assurer un avenir à tous nos descendants et permettre à nos enfants de pouvoir vivre un monde meilleur, fait de plus de sérénité et de paix.

Nous savons les difficultés que nous rencontrons pour échanger sur ces problématiques importantes, liés aux bouleversements climatiques mais aussi à celles que rencontrent les communautés lointaines de pouvoir elles aussi prendre place dans la réalité de ces changements, nous ne voulons bien sûr pas énumérer la liste de celles ci, d'autre acteurs s'en préoccupent.

Cependant il nous paraît important de créer ces moments d'échanges aussi par quelques moyens que ce soit, nous invitons toutes personnes sensibles à ces démarches de vouloir nous rejoindre sur ces initiatives.

Des rencontres ont déja eu lieu, celle ci sont riches de réflexions et d'actions à entreprendre pour plus de communications, d'échanges et de cohérences.

Des intellectuels de notoriété, rejoignent par leurs propos et lors de ces rencontres sur le fait de prendre conscience de ces choses qui nous feront passer du "à quoi bon" vers le "pourquoi pas", il semblerait que ces actions restent dans leur contenu dans des positionnement d'isolement,celà n'empêche pas d'autres acteurs de donner la dimension et la portée des actions possibles en faisant un état des lieux par l'image, là aussi nous ne citons pas leurs noms mais nous saluons leur travail d'ouverture sur la vision possible d'une terre qui aurait besoin d'être guérit de nos maux.

Certains vont jusqu'à dire qu'elle n'aurait pas besoin de nous" Maka oyaté" pour se régénerer et induire les catastrophes qui la libèrerait de cette oppression, nous croyons qu'elle en a les moyens en nous donnant les même signes que nous recevons quand nous même, sommes malade, fièvres puis tremblements puis guérison.

Aussi ,que nous ne le voulions ou pas, nous sommes un seul peuple, une seul nation, un seul coeur qui bat en harmonie avec toutes choses, ô combien même les esprits humains qui habitent cette terre n'ont non pas encore réellement conscience, il me semble important d'en réaliser sa dimension et d'oeuvrer à l'unisson pour créer le nécessaire au prolongement de cette humanité.

Ces actions et ces échanges ne peuvent évoluer que dans une humanité réunie sur ces préoccupations ,à moins que les difficultés que tout ces bouleversements engendrent, réduisent notre capacité à agir, doit -on dans ce constat attendre les débacles annoncées pour enfin comprendre cette réalité?

Il ne s'agit en aucun d'entretenir nos peurs intrinsèques mais au contraire d'en prendre le pas sur l'avenir et marcher les uns avec les autres, certes ce message traduit plusieurs années de réflexions et de rencontres, l'urgence nous en parait évidente.

Maka Oyaté se veut d'être lui aussi porteur de ces reflexions en générant des projets tout axes confondus technique, culturel ,artistique en favorisant ceux ci dans un esprit tourné vers les générations futures comme un support possible à tout acteur rejoignant son éthique.

Diverses associations ou ONG oeuvrent dans ce sens, nous les saluons aussi, leurs souhaitant le meilleur sur ces longues tâches fastidieuses à travers le monde.

Déja des évènements de notre quotidien montrent ces difficultés ,en deçà des guerres que nous engendront.

Emeutes de la faim, montées des eaux sur les archipels et les îles de notre planète.

Sommes nous prêt à accuser réception de ces messages de détresse à venir, où devons nous simplement construire nos arches respectives de sauvegarde, tel que Noé a put le faire en son temps? puique déluge il y a eu, devons nous subir de nouveau ces confrontations?

Tout nous prouve qu'il existe un système de loi, que nous appelons "Lois naturelles" ces même lois dictent les conditions dans lesquelles l'homme peut inter-agir dans sa capacité à être plus cohérent avec lui même pour la terre et son environnement direct.
Doit-il attendre de couler ou de réagir avant qu'il ne soit trop tard ? Pour la terre? Ou contre? Il faudra choisir.

Les ancrages quant à ces lois sont importantes, un arbre ne peux grandir que si ces branches sont bien planté au sol , alors il peut fournir les fruits de la subsistance, mais aujourd'hui l'enjeu majeur nous parle plutôt de survie sans distinctions culturelles ou ethniques, nous pouvons donc être tous touchés, les bouleversements majeurs apportent les changements définitifs et irréversibles, peut-être est-ce les prémisces d'un réequilibrage annoncé, car les mouvements induisent les changements et les corrections subtiles et nécessaires pour que la vie réapparaisse tranquillement dans une échelle de temps inquantifiable et impartiale, renouvellement des cycles, renouvellement des règles.

A nous de jouer donc!!!

Paul Fournier Ambassadeur Universel de la paix (septembre 2008)

jeudi 29 mai 2008

Une Tournée pour la terre!! (cliquez sur les titres)


http://www.indigenous4earth.org/images/convention.jpg
Certes les festivals à venir pour Terralliance, ne manques pas d'interêts et de bonnes énergies et qu'il en soit ainsi, c'est le fruit d'un long travail de tout un chacun le solstice approche ce 21 Juin et une de fois de plus les amis de la terre "Pacha Mama", seront au rendez vous.

Ce matin en écoutant avec mon oeil et mes oreilles d'artistes musicien, une chanson prière pour la terre, merci Stanley et en vu de toutes les rencontres que j'ai eu la chance de faire avec mes amis comme Adrian, Séminole Shichkapoo d'Amérique du Nord ainsi que tous mes amis du Canada Attikameks et tous ceux venus des Quatre Directions , Mongole de Sibérie comme Vladimir OKna Tzaam Zam ou des africains comme Moussa Ag Massarid et le groupe Désert rebelle, je n'epprouve qu'une seule envie, c'est celle enfin, de mener à bien une tournée des 4 directions pour notre mère la Terre.

Celà correspond au désir de bien des personnes: Arvol Looking Horse 19ème porteur de la pipe sacrée de La Nation Sioux Oglala.


Kévin Dust: Nation Crow Amérique du Nord
Kevin Mustus Nation Stooney " " " "
Adrian Harjo Nation Séminole " " " "
Quentin Pipestem Nation Black Feet " " " "
Dabaddy Taïroddy Nation Otomi Amérique Centrale
Freddy Alvarado Nation Quetchua Amérique du sud
Moussa Ag Massarid Nation Tamaschek Afrique
Makay's nation Créole La Réunion

Et la liste n'est pas exaustive.

Indigenous 4 Earth

LABEL INDIGENOUS. Nous, peuples autochtones, venons d’établir des normes d’appréciation pour garantir les bonnes pratiques des entreprises multinationales ... pour le respect de notre mère la terre.
www.indigenous4earth.org/francais/
Autres résultats, domaine www.indigenous4earth.org »




Il nous faut réunir de bonnes volontés pour mettre en oeuvre ce projet de tournée pour la terre.

Mais aussi trouver des ressources humaines matériels et financières.



Aussi j'en appel à la volonté de tous un chacun, en essayant de motiver aussi des fondations et des mécènes.



Cela mériterait une tournée Européenne d'une durée d'au moins deux mois.



Pour que ce rêve devienne réalité, faites tourner ce message, bruler de l'herbe douce et de la sauge.

vendredi 16 mai 2008

Les temps du changement.

Le temps du changement,

science-société-nouvelle culture


Fritjof Capra (Monaco, éditions Le Rocher, 1983)

"Notre obsession de l'expansion a déséquilibré l'économie, les institutions et même l'environnement naturel. On peut parler d'une croissance cancéreuse des villes comme des technologies, dues à un chaos conceptuel hérité d'une vision mécaniste du monde (...) La nouvelle vision de la réalité, qui ouvrira le passage vers une ère solaire, repose sur une approche holistique des phénomènes, c'est-à-dire globale et non fractionnée. Nous sommes condamnés à changer de mode de pensée, de façon de vivre et, par conséquent, de société. Mais ce changement se fera-t-il avec nous ou sans nous ? Sera-t-il évolutionnaire ou révolutionnaire ? (...) Penser globalement, agir localement est une clé majeure de cette vision systémique."


L'auteur est un physicien américain, auteur de
Le Tao de la physique et de Sagesse des Sages. Il a participé au Colloque de Cordoue en 1979 sur "Science et Conscience".

extraits significatifs :


p. 11-12 ; "Nous connaissons un taux d'inflation et de chômage élevé, nous vivons une crise de l'énergie et de la médecine, nous souffrons de la pollution et d'autres désastres dans notre environnement, nous assistons à une vague montante de la violence et des crimes, etc. La thèse fondamentale de ce livre soutient qu'il s'agit d'autant de facettes d'une seule et même crise et que celle-ci est principalement une crise de perception. Comme ce fut le cas dans les années 20 pour la physique, ce malaise provient du fait que nous nous efforçons toujours d'appliquer des concepts dépassés -la vision mécaniste du monde propre à la science cartésienne -newtonienne- à une réalité qui ne peut plus être appréhendée en ces termes. Nous vivons, aujourd'hui, dans un monde où tout est intimement imbriqué, un monde dans lequel les phénomènes biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux sont interdépendants.

(...) Nous avons donc besoin d'un nouveau "paradigme"- une nouvelle vision de la réalité , une modification fondamentale de notre système de pensée, de nos perceptions et de nos valeurs.

(...) les années 60 et les années 70 ont engendré une série de mouvements sociaux qui semblent tous aller dans la même direction, mettant l'accent sur différents aspects de la nouvelle vision de la réalité. a ce jour, la plupart de ces mouvements opèrent toujours séparément et n'ont pas encore pris conscience de la manière dont leurs intentions se rejoignent. mon objectif est de leur proposer un cadre conceptuel cohérent pour les aider à reconnaître la communion de leurs buts. une fois que cette prise de conscience se sera produite, nous pourrons nous attendre à ce que les différents mouvements se fondent pour former une force puissante favorisant l'avènement d'un changement social. La gravité et l'ampleur de notre crise actuelle indiquent que ce changement pourra résulter en une transformation d'une dimension sans précédant, en un bouleversement à l'échelle universelle."

p. 14 ; ""Je crois que la vision du monde impliquée par la physique moderne est incompatible avec notre société actuelle, qui ne reflète aucunement l'interdépendance harmonieuse que nous observons dans la nature. Afin de réaliser un tel état d'équilibre dynamique, une structure économique et sociale radicalement différente sera nécessaire : une révolution culturelle au vrai sens du mot. la survie de notre civilisation entière dépend peut-être de notre possibilité de réaliser une telle transformation *."

*. In le Tao de la Physique, Tchou, 1979, p. 312.

p. 17 ; "Il s'agit d'une crise complexe, multidimensionnelle qui touche chaque aspect de notre vie -notre santé, nos moyens d'existence, la qualité de notre environnement, nos relations sociales, notre économie, notre technologie et la politique.

(...) Pour la première fois, nous sommes véritablement confrontés à une menace d'extinction de la race humaine et de toute vie sur cette planète."

p. 18 ; "Pendant ce temps, plus de quinze millions de personnes -pour la majorité des enfants- meurent de faim, chaque année , et 500 millions d'autres sont sous-alimentées. près de 40 % de la population mondiale n'ont pas accès aux services professionnels de soins ; et pourtant, des pays développés dépensent toujours trois fois plus d'argent pour l'armement que pour les soins médicaux , 35 % de l'humanité manquent d'eau potable alors que la moitié de nos scientifiques et de nos ingénieurs consacrent leurs recherches à la technologie de la production d'armes."

p. 19-20 ; "Le plus toxique de ces poisons radioactifs, le plutonium, est lui-même fissible, ce qui signifie qu'il peut être utilisé pour construire des bombes atomiques.

(...) Sans même tenir compte de la menace d'une catastrophe nucléaire, l'ensemble de l'écosystème et l'évolution ultérieure de la vie sur terre sont sérieusement menacés et peuvent très bien déboucher sur un désastre écologique à grande échelle.

(...) Les grandes villes sont couvertes d'un manteau étouffant de brouillard, couleur moutarde.

(...) En plus de la pollution atmosphérique, notre santé est également compromise par l'eau et la nourriture , toutes deux étant contaminées par une grande variété de produits chimiques toxiques. aux États-Unis, des additifs alimentaires synthétiques, des pesticides, des plastiques et autres produits chimiques sont lancés sur le marché à un rythme actuellement estimé à un millier de nouveaux composants chimiques par an. Il en résulte que l'empoisonnement chimique envahit de plus en plus notre vie d'abondance. Qui plus est, les dangers pour notre santé que représente la pollution de l'air, de l'eau et de la nourriture ne sont que les effets directs les plus évidents de la technologie humaine sur l'environnement naturel. Des effets plus pernicieux encore n'ont été découverts que récemment et ne sont pas encore pleinement compris.

La détérioration de notre environnement naturel s'est accompagnée d'un accroissement correspondant des problèmes de santé des individus. Alors que les maladies alimentaires et infectieuses sont les plus grands fléaux du Tiers Monde, les régions industrialisées sont, quant à elles, victimes des maladies chroniques et dégénératives nommées à juste titre "maladies de civilisation" , ici, les principaux fléaux ont pour nom affections cardio-vasculaires, cancers et arthroses. D'un point de vue psychologique, la détérioration de notre environnement social paraît s'accompagner de dépressions graves, de schizophrénies et autres désordres psychiatriques. Les signes de cette désintégration sont nombreux : crimes, accidents et suicides violents ; accroissement de l'alcoolisme et abus de médicaments ; augmentation du nombre d'enfants ayant des problèmes de scolarité ou de comportement. La montée des crimes et des suicides chez les jeunes a pris des proportions telles qu'on parle dorénavant d'une épidémie de morts violentes. En même temps, on constate que les jeunes perdant la vie dans des accidents, en particulier ceux de la circulation, sont vingt fois plus nombreux que ceux succombant à la polio à l'époque où celle-ci sévissait avec le plus d'intensité. Selon Victor Fuchs, ""épidémie" est un terme encore trop faible pour décrire la situation".

Parallèlement à ces pathologies sociales, nous enregistrons des anomalies économiques qui laissent perplexes les plus éminents économistes et politiciens. L'inflation galopante, le chômage massif et une mauvaise distribution flagrante des revenus et des richesses sont devenus des caractéristiques structurelles de la plupart des économies nationales.

(...) Confrontés à la triple menace de l'épuisement énergétique, de l'inflation et du chômage, nos politiciens ne savent plus où donner de la tête pour limiter les dégâts. Politiciens et médias discutent de priorités -faut-il d'abord régler la crise énergétique ou faut-il lutter contre l'inflation ?- sans réaliser que ces problèmes, ainsi que tous les autres déjà mentionnés, ne sont que des aspects différents d'une seule et même crise. Que nous parlions de cancer, de crime, de pollution, de puissance nucléaire, d'inflation ou d'insuffisance énergétique, la dynamique qui est à la base de ces problèmes est la même. Mon objectif est de l'éclaircir et de proposer des solutions alternatives."

p. 21 ; "Selon le Post, "il ressort, en fait, de discussions avec des intellectuels de Cambridge, Mass. et de New York que le grand courant des idées s'est éclaté en dizaines de ruisselets différents mais aussi qu'en certains domaines, il est tout simplement tari." L'une des personnes interrogées était Irving Kristol, professeur d'urbanisme à la New York University . Celui-ci expliqua qu'il avait renoncé à sa chaire parce que : "Je n'ai plus rien à dire. Je crois que c'est valable pour tout le monde. Lorsqu'un problème devient trop complexe, vous cessez de vous y intéresser."

Pour expliquer leur confusion ou leur abdication, les intellectuels citent "les circonstances nouvelles" ou "le cours des événements" -le Vietnam, le Watergate, la persistance des taudis, la pauvreté et le crime."

p. 24 ; "Après que les civilisations ont atteint le sommet de leur vitalité, elles tendent à perdre leur élan culturel et à décliner. Un élément essentiel de cet effondrement culturel est, selon Toynbee, une perte de souplesse. Lorsque les structures et les schémas de comportement sont devenus rigides au point que la société ne s'adapte plus aux situations changeantes, elle ne sera plus capable de poursuivre le processus créatif de son évolution."

p. 25-26 ; "Parmi ces transitions il en est trois qui vont bouleverser les fondements mêmes de notre vie et affecter profondément nos systèmes social, économique et politique.

La première, et peut-être la plus profonde, est due au lent mais inévitable déclin du patriarcat. Celui-ci a une durée de vie d'environ trois mille ans ; une période si longue qu'il nous est impossible de dire si nous avons affaire à un processus cyclique ou non puis que l'information dont nous disposons à propos des ères pré-patriarcales est quasiment inexistante.

(...) La seconde transition qui aura un impact certain sur notre vie nous sera imposée par le déclin de l'ère des combustibles fossiles. Les combustibles fossiles -charbon, pétrole et gaz naturel- furent les principales sources d'énergie de l'ère industrielle moderne et lorsque ceux-ci seront épuisés, cette ère sera terminée. Si l'on considère l'évolution culturelle d'un point de vue historique large, l'ère des combustibles fossiles et l'ère industrielle ne sont que de courts épisodes, une fine pointe, située vers l'année 2000, de notre graphique. Les combustibles fossiles seront épuisés vers l'an 2300, mais les effets économiques et politiques de ce déclin se font déjà sentir. Cette décade sera marquée par le passage de l'ère des combustibles fossiles à l'ère solaire, transition qui impliquera des changements radicaux dans nos systèmes économiques et politiques.

La troisième transition est, elle aussi, liée à des valeurs culturelles. Elle implique ce que l'on appelle souvent un changement de paradigme -une mutation profonde dans les pensées, les perceptions et les valeurs qui constituent une vision particulière de la réalité.

(...) Il implique la croyance en la méthode scientifique comme seule approche valable de la connaissance ; la conviction que l'univers est un système mécanique composé de parcelles matérielles élémentaires ; l'idée que la vie en société est une lutte compétitive pour l'existence et la foi en un progrès matériel illimité réalisable au moyen d'une croissance économique et technologique. Durant les dernières décennies, toutes ces idées, toutes ces valeurs se sont avérées très limitées : elles nécessitent une révision radicale."

p. 27 ; "Ces changements de valeurs et leurs effets à tous les niveaux de la société, du moins en Occident- ont été étudiées par le sociologue Pitirim Sorokin qui se fonde sur la croissance et le déclin cycliques des trois systèmes de valeurs fondamentaux, base de toutes les manifestations d'une culture.

Sorokin appelle ces trois systèmes de valeurs le matérialiste, l'idéaliste et l'idéal."

p. 28 ; "Au XXème siècle, ces valeurs et ces idées matérialistes sont une fois de plus, en perte de vitesse et, c'est ainsi qu'en 1937, avec une merveilleuse clairvoyance, Sorokin prédit le crépuscule de notre culture qui se traduit par le changement de paradigme et les bouleversements sociaux auxquels nous assistons aujourd'hui.

L'analyse de Sorokin suggère avec force que la crise que nous affrontons n'est pas ordinaire mais qu'elle constitue l'une des grandes phases de transition qui se sont déjà produites durant les cycles précédents de l'humanité. Ces transformations culturelles profondes ne surviennent pas souvent. Selon Lewis Mumford, on en dénombre moins d'une demi-douzaine dans toute l'histoire de la civilisation occidentale parmi lesquelles l'avènement de la civilisation qui inventa l'agriculture au début de la période néolithique, la naissance du Christianisme correspondant à la chute de l'Empire romain et la transition entre le Moyen Age et l'Ère scientifique.

(...) Le déclin du patriarcat, la fin de l'ère des combustibles fossiles et le changement de paradigme, se produisant au crépuscule de la culture matérialiste, sont autant d'éléments contribuant au même processus global. En conséquence, la crise actuelle n'est pas uniquement une crise d'individus, de gouvernements ou d'institutions sociales , c'est une transition aux dimensions planétaires. En tant qu'individu, que société, que civilisation et qu'écosystème planétaire, nous atteignons notre temps du changement."

p. 30 ; "En fait, Marx aimait, paraît-il, se considérer comme le "Darwin de la sociologie".

(...) Je crois que leur vision de l'évolution sociale accorde une trop grande place au rôle de la lutte et du conflit, négligeant le fait que toute lutte dans la nature se déroule dans un contexte plus vaste de participation."

p. 41 ; "Depuis le XVIIIème siècle, la physique a été l'exemple par excellence d'une science "exacte" et a servi de modèle aux autres disciplines. Pendant deux siècles et demi, les physiciens ont adhéré à une vision mécaniste du monde pour développer et préciser le cadre conceptuel connu sous le nom de physique classique. Ils ont fondé leurs idées sur la théorie mathématique d'Isaac Newton, la philosophie de René Descartes et sur la méthodologie scientifique professée par Francis Bacon

(...) La matière considérée comme la base de toute existence, et le monde matériel comme une multitude d'objets séparés assemblés en une énorme machine.

(...) Cette attitude, connue sous le nom de réductionnisme, s'est ancrée si profondément dans notre culture qu'elle a souvent été identifiée avec la méthode scientifique. Les autres sciences acceptaient les visions mécanistes et réductionnistes de la physique classique, les considérant comme la description correcte de la réalité, et modelaient leurs propres théories en conséquence. A chaque fois que les psychologues, les sociologues ou les économistes désiraient se montrer scientifiques, ils se tournaient tout naturellement vers les concepts fondamentaux de la physique newtonienne."

p. 42-43 ; "Parmi les sciences influencées par la vison cartésienne du monde et la physique cartésienne du monde et la physique newtonienne qui devront changer pour être en accord avec les concepts de la physique moderne, je m'attacherai plus particulièrement à celles concernant la santé, dans son sens écologique le plus large : la biologie, la science médicale, la psychologie, la psychothérapie, la sociologie, l'économie et la science politique. Dans tous ces secteurs, les limites de la vision cartésienne classique du monde deviennent apparentes. Pour transcender les modèles classiques, les scientifiques devront dépasser l'approche mécaniste et réductionniste, comme ce fut le cas en physique et développer des visions holistiques et écologiques. Bien que leurs théories doivent être en accord avec celles de la physique moderne, ses concepts ne seront généralement pas appropriés en tant que modèles pour les autres sciences. Néanmoins, ils peuvent s'avérer très utiles. les scientifiques ne devront pas répugner a adopter un cadre holistique, comme c'est si souvent le cas aujourd'hui, par peur de pas être "scientifiques". La physique moderne peut leur montrer qu'un tel cadre est, non seulement scientifique mais, de plus, en accord avec les théories les plus avancées quant à la réalité physique."

p. 47 ; "Entre 1500 et 1700, se produisit un bouleversement spectaculaire dans la manière dont les gens se représenteraient l'univers et dans leur mode de pensée. La nouvelle mentalité et la nouvelle perception du cosmos fournirent à notre civilisation occidentale les éléments caractéristiques de notre ère moderne."

p. 48 ; "La perspective médiévale se modifia radicalement aux XVIème et XVIIème siècles et fit place à une vision du monde considéré comme une machine. Le "monde-machine" devint la métaphore dominante de l'ère moderne. Cette évolution résulta des changements révolutionnaires intervenus en physique et en astronomie, culminant dans l'oeuvre de Copernic, de Galilée et de Newton. La science du XVIIème siècle reposait sur la nouvelle méthode d'investigation défendue avec force par Francis Bacon ; celle-ci impliquait la description mathématique de la nature et le raisonnement analytique dû au génie de Descartes. Conscients du rôle primordial joué par la science dans l'avènement de ces transformations fondamentales les historiens ont baptisé cette époque : Ère de la Révolution Scientifique."

p. 49 ; "Alors que Galilée imaginait des expériences ingénieuses en Italie, en Angleterre Francis Bacon énonçait explicitement la méthode empirique de la science. Il fut le premier à formuler une théorie claire de la procédure inductive -faire des expériences et en tirer des conclusions générales à tester par de nouvelles expériences- et son influence fut considérable, tant il défendait avec acharnement de la nouvelle méthode. Il attaquait vigoureusement les écoles de pensées traditionnelles et développa une véritable passion pour l'expérimentation scientifique.

L'"esprit baconien" bouleversa profondément la nature et l'objectif de la quête scientifique. Depuis les Anciens, les buts de la science avaient été la sagesse, la compréhension de l'ordre naturel et la vie en harmonie avec celui-ci. La science était pratiquée "pour la gloire de Dieu" ou, comme le disent les Chinois, pour "suivre l'ordre naturel", "suivre le cours du Tao". Ces buts étaient de nature yin, ou intégrants ; l'attitude des scientifiques était fondamentalement écologique, pour employer un terme actuel. Au XVIIème siècle, cette attitude laissa place à son opposé polaire ; du yin on passa au yang, de l'intégration à l'affirmation."

p. 51 ; "Lors de sa vision, Descartes découvrit comment il pourrait réaliser ce plan. Il vit une méthode qui lui permettrait de construire une science complète et intégrale sur laquelle il pourrait avoir une certitude absolue ; une science, comme les mathématiques, déduite des premières causes.

(...) Descartes était désormais certain que Dieu lui avait indiqué sa mission et il s'appliqua aussitôt à bâtir une nouvelle philosophie scientifique. Pour lui, toute science est une connaissance certaine et évidente. Il était décidé à "ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne connusse évidemment être telle."

La foi en la certitude de la connaissance scientifique est à la base même de la philosophie cartésienne et de la vision du monde qui en découla, et c'est ici, dès le départ, que Descartes se fourvoya. La physique du XXème siècle nous a abondamment prouvé qu'il n'existait pas de vérité absolue en matière de science, que tous nos concepts et théories sont limités et approximatifs. La croyance en la vérité scientifique est toujours largement répandue de nos jours et s'exprime dans le scientisme, si typique de notre culture occidentale. Nombreux sont ceux qui, dans notre société, scientifiques ou autres, sont convaincus que la méthode scientifique est la seule manière valable d'appréhender l'univers. La méthode de pensée de Descartes et sa vision de la nature ont influencé tous les domaines de la science moderne et peuvent, d'ailleurs, nous être très utiles, aujourd'hui, si leurs limites sont clairement reconnues. Tous les phénomènes de la nature pouvant être expliqués mathématiquement, il ne pensait pas qu'il faille intégrer d'autres principes de physique, ni d'ailleurs que ceux-ci fussent souhaitables. En appliquant des relations numériques aux figures géométriques, il fut à même de relier algèbre et géométrie et, ce faisant, connue sous le nom de géométrie analytique. Celle-ci comprenait la représentation de courbes au moyen d'équations algébriques dont il étudia les solutions de manière systématique. Sa nouvelle méthode permit à Descartes d'appliquer un type très général d'analyse mathématique à l'étude des corps en mouvement en accord avec son grand projet. Il pouvait donc déclarer avec fierté : "Toute ma physique n'est autre chose que géométrique."

p. 52 ; "La méthode de Descartes est analytique. Elle consiste à éclater les pensées et les problèmes en parcelles, à les réagencer en ordre logique : c'est probablement sa plus grande contribution à la science. Elle est devenue une caractéristique essentielle de la pensée scientifique moderne et s'est avérée très utile dans l'élaboration des théories scientifiques et la réalisation de projets technologiques complexes. C'est cette même méthodologie qui a permis à la NASA de "poser" un home sur la lune. D'autre part, l'importance excessive de la méthode cartésienne a conduit à la fragmentation, caractéristique de notre mode de pensée général, de nos disciplines académiques et du réductionnisme largement répandu dans la science -la conviction que tous les aspects des phénomènes complexes peuvent être compris en les réduisant à leurs éléments constituants."

p. 53 ; "La division cartésienne entre esprit et corps a eu un impact profond sur la pensée occidentale (...) elle a empêché les médecins de considérer sérieusement les dimensions psychologiques de la maladie et les psychothérapeutes de s'intéresser au corps de leurs patients.

(...) Selon Heisenberg, qui se heurta à ce problème durant de nombreuses années : "Cette compartimentation s'est profondément incrustée dans l'esprit humain durant les trois siècles qui suivirent Descartes et il faudra encore bien du temps pour qu'elle soit remplacée par une attitude réellement différente à l'égard du problème de la réalité."

Descartes fonda toute sa vision sur cette division fondamentale entre deux domaines indépendants et séparés, celui de l'esprit ou res cogitans (la chose qui pense) et celui de la matière, ou res extensa (la chose étendue). L'esprit et la matière étaient des créations de Dieu, qui constituait leur point de référence commun, étant la source de l'ordre naturel exact et de la lumière de la raison permettant à l'esprit humain de reconnaître cet ordre. Pour Descartes, l'existence de Dieu était essentielle à sa philosophie mais, au cours des siècles suivants, les scientifiques omirent toute référence explicite à Dieu et développèrent leurs théories en fonction de la division cartésienne, les sciences humaines se concentrant sur la res cogitans et les sciences naturelles sur la res extensa ."

p. 54 ; " L'image de la terre vue comme un organisme vivant et une mère nourricière servit de contrainte culturelle limitant les actions des êtres humains. On ne tue pas facilement une mère, on n fouille pas dans ses entrailles à la recherche d'or, on ne mutile pas son corps... Aussi longtemps que la terre fut considérée comme vivante et sensible, on pouvait considérer que poser un acte susceptible de la détruire était une infraction grave à l'éthique humaine*. (...) En fait, Descartes lui-même partageait l'idée de Bacon que le but de la science était la domination et le contrôle de la nature, affirmant que la connaissance scientifique pouvait être utilisée pour "nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature."

(...) L'approche cartésienne remporta de grands succès, surtout en biologie, mais elle limita également les directions de la recherche scientifique. Le problème est que les scientifiques, encouragés par leurs succès, eurent tendance à croire que les organismes vivants n'étaient rien de plus que des machines. Le revers de la médaille de ce réductionnisme fallacieux est devenu particulièrement apparent en médecine où l'adhésion au modèle cartésien su corps humain/horloge a empêché les médecins de comprendre bon nombre de maladies importantes contemporaines.

* In The Death of Nature, de Carolyn Merchant."

p. 55-56 ; "Descartes ne fut, évidemment, pas à même de mener à bien son ambitieux projet et il reconnut lui-même que sa science était incomplète. Mais, sa méthode de raisonnement et les grandes lignes de sa théorie des phénomènes naturels ont modelé la pensée scientifique occidentale pendant trois siècles.

(...) L'homme qui concrétisa le rêve cartésien et paracheva la Révolution Scientifique s'appelait Isaac Newton.

(...) Newton développa une formulation mathématique complète de la vision mécanique de la nature et accomplit ainsi une grande synthèse des oeuvres de Copernic, Kepler, Bacon, Galilée et Descartes. La physique newtonienne, l'apogée de la science du XVIIème siècle, demeura le fondement solide de la pensée scientifique jusqu'au XXème siècle.

(...) Il inventa une méthode totalement nouvelle connue aujourd'hui sous le nom de calcul différentiel pour décrire le mouvement des corps solides , une méthode qui allait bien au-delà des techniques mathématiques de Galilée et Descartes. Cette formidable réussite intellectuelle fut saluée par Einstein comme "peut-être le plus grand progrès dans la pensée qu'un individu singulier eut jamais le privilège de réaliser."

Kepler avait tiré des lois empiriques du mouvement planétaire en étudiant des tables astronomiques et Galilée avait réussi au moyen d'expériences ingénieuses à découvrir des lois de la chute des corps. Newton combina ces deux découvertes en formulant les lois générales du mouvement régissant tous les objets dans le système solaire, des pierres aux planètes.

Selon la légende, la révélation décisive vint à Newton en un éclair d'inspiration soudaine lorsqu'il vit une pomme tomber d'un arbre. Il réalisa que cette pomme était attirée vers la terre par la même force qui attirait les planètes vers la terre par la même force qui attirait les planètes vers le soleil, et trouva ainsi l'élément clé de sa grande synthèse. Il recourut alors à sa nouvelle méthode mathématique pour formuler les lois exactes du mouvement valables pour tous les corps soumis à l'influence de la force de gravitation. L'importance de ces lois réside dans leur application universelle. On s'aperçut qu'elles étaient valables dans l'ensemble du système solaire, ce qui paraissait confirmer la vision cartésienne de la nature. L'univers newtonien était, en fait, un énorme système mécanique, répondant à des lois mathématiques exactes."

p. 57 ; "Alors qu'il travaillait, au Trinity College de Cambridge, sur ses Principia, il n'en accumula pas moins des notes volumineuses sur l'alchimie, les écrits apocalyptiques, les théories théologiques non orthodoxes et divers sujets occultes. La majeure partie de ces écrits ésotériques n'a jamais été publiée, mais ce qu'on en connaît indique que Newton, le grand génie de la Révolution scientifique, était en même temps "le dernier des magiciens".

p. 58-59-60-61 ; "Cette image d'un monde-machine parfait impliquait un créateur externe, un dieu monarchique qui gouvernait le monde, d'en haut, en lui imposant sa loi divine. Les phénomènes physiques eux-mêmes n'étaient pas considérés d'essence divine et, lorsque la science rendit la croyance en un tel, dieu de plus en plus difficile, le divin disparut complètement de la vision scientifique du monde, laissant derrière lui le vide spirituel, désormais si caractéristique de notre culture. la base philosophique de cette sécularisation de la nature était la division cartésienne entre esprit et matière.

(...) L'image du monde présenté comme une machine parfaite, qui avait été introduite par Descartes, était maintenant un fait prouvé et Newton en devint le symbole.

(...) Utilisant les hypothèses de Dalton, les chimistes du XIXème développèrent une théorie atomique précise de la chimie ouvrant ainsi la voie à l'unification conceptuelle de la physique et de la chimie, au XIXème siècle. Descartes lui-même avait tracé les grandes lignes d'une approche mécaniste de la physique, de l'astronomie, de la biologie et de la médecine. Les penseurs du XVIIIème siècle poussèrent cette démarche plus avant en appliquant les principes de la mécanique newtonienne aux sciences naturelles et sociales. Les sciences sociales, alors nouvellement créées, engendrèrent un grand enthousiasme, et certains de leurs défenseurs prétendaient même avoir découvert une "physique sociale". La théorie newtonienne de l'univers et la croyance en l'approche rationnelle des problèmes humains se répandirent si rapidement parmi les classes moyennes au XVIIIème siècle que cette période fut appelée, "Siècle des Lumières". La figure dominante de cette évolution, le philosophe John Locke, publia ses écrits majeurs vers la fin du XVIIème siècle.

S'appuyant sur la physique newtonienne, Locke développa une vision atomiste de la société, la décrivant en fonction de ses "briques fondamentales", à savoir l'être humain.

(...) L'analyse de la nature humaine de Locke se fondait sur celle d'un autre philosophe, Thomas Hobbes, pour qui toute connaissance reposait sur la perception sensorielle.

(...) Les idéaux de l'individualisme, du droit à la propriété, de la libre entreprise et du gouvernement élu, qui remontent tous à Locke, influencèrent de manière significative la pensée de Thomas Jefferson et se reflètent dans la Déclaration d'Indépendance de la Constitution américaine.

Au XIXème siècle, les savants continuèrent à développer le modèle mécaniste de l'univers, l'appliquant à la physique, à la chimie, à la biologie, à la psychologie et aux sciences sociales. En conséquence, le monde-machine de Newton devint une structure beaucoup plus complexe et subtile. Simultanément, de nouvelles découvertes et de nouveaux modes de pensée, mirent en évidence les limites du modèle newtonien et ouvrirent la voie aux révolutions scientifiques du XXème siècle."

p. 63 ; "Tous ces processus vont dans une même direction -de l'ordre vers le désordre- et ceci nous donne la formulation la plus courante du second principe de la thermodynamique : tout système physique isolé évoluera spontanément vers un désordre croissant.

Vers le milieu du siècle, Rudolph Clausius cherchant à exprimer cette direction dans l'évolution des systèmes physiques sous une forme mathématique précise, décrivit une nouvelle quantité qu'il nomma "entropie". Le terme est une combinaison de deux mots : "énergie" et "tropos", ce dernier venant du grec et signifiant "tour, direction, évolution". En conséquence, l'entropie est une quantité mesurant le degré d'évolution d'un système physique. Selon ce second principe, l'entropie d'un système physique isolé continuera à croître et, cette évolution s'accompagnant d'un désordre accru, l'entropie peut aussi être considérée comme une mesure du désordre."

p. 64 ; " D'après la physique classique, l'univers dans son ensemble tend vers un état d'entropie maximum ; il ralentit et, en définitive, s'arrêtera."

p. 67 ; "La théorie quantique, ou mécanique quantique ainsi qu'on l'appelle également, fut formulée au cours des trois premières décennies de ce siècle par un groupe international de physiciens parmi lesquels Max Planck, Albert Einstein, Niels Bohr, Louis de Broglie, Erwin Schrödinger, Wolfgang Pauli, Werner Heisenberg et Dirac".

p. 68-69 ; "De nombreux physiciens élevés, comme ce fut mon cas, dans une tradition qui associe le mysticisme à quelque chose de vague, de mystérieux et de hautement non-scientifique, furent choqués de cette comparaison. Fort heureusement cette attitude évolue. La pensée orientale intéressant un nombre de plus en plus grand d'individus et la méditation n'étant plus abordée avec suspicion et ironie, le mysticisme est désormais pris au sérieux, même au sein de la communauté scientifique. Un nombre sans cesse croissant de savants prennent conscience que la pensée mystique fournit un cadre philosophique cohérent et pertinent aux théories de la science contemporaine ; une conception du monde selon laquelle les découvertes scientifiques des hommes et des femmes peuvent être en harmonie parfaite avec leurs objectifs spirituels et leurs croyances religieuses.

(...) Les particules de lumière furent tout d'abord nommées "quanta" par Einstein -de là l'origine du terme "théorie quantique"- et sont actuellement appelées photons.

(...) Un électron n'est ni une particule, ni une onde, mais il peut, dans certaines situations, se comporter comme une particule et, dans d'autres, comme une onde".

p. 70 ; "Le plus grand succès d'Heisenberg fut de réussir à exprimer les limites des concepts classiques sous une forme mathématique précise, connu sous le nom de principe d'incertitude.

(...) "Afin de mieux comprendre cette relation entre les couples de concepts classiques, Niels Bohr a introduit la notion de complémentarité. Il considère l'image de la particule et celle de l'onde comme deux descriptions de la même réalité atomique et toutes deux doivent être utilisées dans les limites fournies par le principe d'incertitude.

"La notion de complémentarité est devenue essentielle à la façon dont les physiciens pensent la nature, et Bohr a souvent suggéré qu'elle pourrait être un concept utile également en dehors du champ de la physique"".

p. 73 ; "Le théorème de Bell supporte l'interprétation de Bohr des deux particules considérées comme un tout indivisible et prouve de manière rigoureuse que la vision cartésienne d'Einstein est incompatible avec les lois de la théorie quantique. Selon Stapp, "le théorème de Bell prouve, en effet, la vérité profonde que le monde est soit fondamentalement anarchique, soit fondamentalement inséparable"".

p. 74 ; "Dans son manuel consacré à la théorie quantique et publié en 1951, Bohm proposait quelques spéculations intéressantes quant aux analogies entre les processus quantiques et les processus de pensée, élargissant ainsi la célèbre formule énoncée par James Jeans, vingt ans plus tôt : "Aujourd'hui, on s'accorde assez généralement à reconnaître... que la connaissance nous mène vers une réalité non mécanique ; l'univers commence à ressembler plus à une grande pensée, qu'à une grande machine"".

p. 75 ; "Les modèles que les scientifiques observent dans la nature sont intimement liés aux modèles de leur esprit ; y compris leurs concepts, leurs pensée et leurs valeurs. En conséquence, le résultat scientifique qu'ils obtiennent et les applications technologiques qu'ils obtiennent et les applications technologiques qu'ils envisagent seront conditionnés par leur tournure d'esprit.

(...) Cela peut nous mener -à l'extrême - à Bouddha ou à la Bombe, et c'est à nous de décider la voie que nous voulons emprunter.

(...) Chaque fois qu'une particule subatomique est enfermée dans une petite région de l'espace, elle réagit à cet enfermement en s'agitant dans cet espace. Plus la région d'enfermement est exiguë, plus la danse de la particule est frénétique. Cette conduite est typiquement un "effet quantique", une caractéristique du monde subatomique qui n'a pas d'analogie macroscopique.

(...) "Macroscopiquement, les objets matériels qui nous entourent peuvent sembler passifs et inertes mais, lorsque nous agrandissons tel objet inerte, minéral ou métallique, nous voyons qu'il est plein d'activité. Plus nous regardons la réalité de près, plus elle apparaît vivante.""

p. 83 ; "Pour pouvoir élargir le programme du bootstrap, un cadre plus général devra être trouvé, "et dans ce nouveau cadre quelques-uns des concepts à présent admis sans explication devront être "bootstrappés" : ils devront être déduits de la cohérence générale. Selon Geoffrey Chew, cela pourrait affecter notre conception de l'Espace-Temps macroscopique, et peut-être même celle de la conscience humaine*".Le recours accru à l'hypothèse du bootstrap débouche sur la possibilité sans précédent d'être forcé d'inclure explicitement l'étude de la conscience humaine dans les théories futures de la matière. Cette question a déjà surgi en théorie quantique à propos de l'observation et de la mesure, mais "la formulation pragmatique de la théorie des quanta utilisée par les scientifiques dans leurs travaux ne fait pas explicitement référence à leur conscience*". Certains physiciens avancent que la conscience pourrait être un aspect essentiel de l'univers, et que nous pourrions être empêchés d'acquérir une meilleure compréhension des phénomènes naturels si nous nous obstinons à vouloir l'exclure."

p. 89 ; "La science moderne en est arrivée à la conclusion que toutes les théories scientifiques sont, en fait, des approximations de la nature véritable de la réalité ; et que toute théorie n'est valable que pour un nombre limité de phénomènes. Au-delà de ceux-ci, elle ne fournit plus une description satisfaisante de la nature et de nouvelles théories doivent être découvertes pour remplacer les précédentes ou plus exactement pour les élargir en améliorant l'approximation".

p. 92 ; "Les deux éminents médecins grecs, Hippocrate et Galien, contribuèrent, de manière décisive, à la connaissance biologique de l'Antiquité et demeurèrent des figures importantes de la médecine et de la biologie durant tout le Moyen-age. Pendant la période médiévale, lorsque les Arabes devinrent les maîtres à penser de la science occidentale, dominant toutes les disciplines, les physiciens firent à nouveau évoluer la biologie, les plus célèbres étant Rhazés, Avicenne et Averroès, qui étaient par ailleurs d'éminents philosophes. Pendant ce temps, les alchimistes arabes, dont la science était traditionnellement associée à la médecine, furent les premiers à tenter des analyses chimiques de la matière vivante , ce faisant, ils devinrent les précurseurs des biochimistes modernes."

p. 95 ; ""La mécanisation et le matérialisme, écrivait-il, sont les fondements de la pensée scientifique", et il incluait explicitement l'étude des phénomènes mentaux dans le cadre d'une telle science : "Je n'accepte en aucune manière l'opinion que les phénomènes de l'esprit ne supportent pas une description physico-chimique. Tout ce que nous apprendrons jamais, scientifiquement, à leur sujet sera de nature mécaniste..."

Vers la fin de son essai, Needham résumait sa position quant à la vision scientifique de la nature humaine en affirmant avec force : "Pour la science, l'homme est une machine ; et, s'il n'en est pas ainsi, alors il n'est rien du tout." Toutefois, par la suite, Needham devait abandonner la biologie pour devenir l'un des plus éminents historiens de la science chinoise et, en tant que tel, un fervent avocat de la vision organique du monde qui est, en fait, la base de la pensée chinoise."

p. 103 ; "Une conséquence extrêmement malheureusement de cette tendance à considérer les êtres vivants comme des machines a été le recours excessif à la vivisection dans la recherche biomédicale et Descartes lui-même était partisan de la vivisection, affirmant qu'il ne fallait pas attacher plus d'importance aux cris d'êtres vivants qu'aux grincements d'une roue ; aujourd'hui cette pratique inhumaine consistant à torturer systématiquement des animaux existe toujours."

p. 109 ; "Je crois qu'au cours des vingt-cinq années à venir, il nous faudra enseigner un autre langage aux biologistes... Je ne connais pas encore son nom ; personne ne le connaît. Mais, ce que l'on vise, je pense, c'est à résoudre le problème fondamental de la théorie des systèmes complexes... et, ici, on se heurte à un grave problème de niveaux ; il peut être faux de croire que toute la logique se situe au niveau moléculaire. Il se peut qu'il nous faille dépasser les mécanismes "horlogers"."

p. 121 ; "En fait, les pathologies psychologiques et sociales sont désormais devenues des problèmes majeurs sur le plan de la santé publique. Selon certaines études, un quart de la population américaine est perturbé psychologiquement au point d'être sérieusement handicapé et d'avoir besoin d'une attention thérapeutique. De plus, on a enregistré une augmentation alarmante de l'alcoolisme, des crimes violents, des accidents et des suicides, autant de symptômes d'une "mauvaise santé sociale". De même, les sérieux problèmes de santé des enfants doivent être considérés comme des indicateurs d'une maladie sociale, ainsi d'ailleurs que la montée du terrorisme politique."

p. 122 ; " Dans la plupart des cas, nous sommes pratiquement incapables de prévenir la maladie ou de préserver la santé au moyen d'une intervention médicale.

- David E. Rogers,

Président de la Fondation Robert Wood Johnson.

... les progrès remarquables, pour ainsi dire inimaginables, réalisés par la médecine au cours des dernières décennies...

- Daniel Callahan,

Directeur de l'Institut de Sciences sociales, éthiques et naturelles, Hasting-on-Hudson, New York".

p. 125 ; "La santé des êtres humains est avant tout déterminée par leur comportement, leur nourriture et la nature de leur environnement, et non pas par les interventions médicales."

p. 144 ; "Beaucoup d'autres guérisseurs tels les homéopathes, les chiropracteurs, et les naturopathes, dont les techniques thérapeutiques s'appuient sur des modèles conceptuels différents mais tout aussi cohérents, ont été légalement exclus du courant principal des soins médicaux."

p. 145 ; "Qui plus est, les écoles de médecine encouragent avec force un système de valeurs déséquilibré, profondément "macho" et suppriment activement les qualités telles que l'intuition, la sensibilité et la compassion en faveur d'une conception rationnelle, agressive et compétitive. Ainsi que le dit Scott May, un étudiant de la University of California School of Medicine de San Francisco : "l'école de médecine est pareille à une famille où la mère est partie et où seul reste le père sévère." Du fait de ce déséquilibre, les médecins considèrent souvent qu'une discussion consacrée à des problèmes personnels est parfaitement inutile et, en revanche, les patients considèrent, eux, les médecins comme des gens froids, inamicaux et incapables de comprendre leurs soucis".

p. 147 ; "nous préférons nous entendre dire que nous souffrons "d'hypertension" plutôt que de modifier notre monde hyper-compétitif ; nous acceptons la prolifération du cancer plutôt que d'étudier la manière dont les industries chimiques empoisonnent notre nourriture afin d'accroître leur profit. Ces problèmes de santé dépassent largement les soucis du corps médical, mais il est impossible de les ignorer dès que nous essayons sérieusement de transcender notre système de soins actuel. Le faire ne sera possible que si nous acceptons de changer également d'autres choses ; cette modification s'inscrira, en fin de compte, dans le cadre d'une transformation sociale et culturelle complète".

p. 158 ; "... quelques décennies plus tard, un éminent physicien , Eugène Wigner, écrirait : "Il n'était pas possible de formuler les lois de la théorie des quanta d'une façon pleinement cohérente sans faire référence à la conscience.""

p. 173 ; "L'évolution d'une société, y compris celle de son système économique est étroitement liée aux modifications du système de valeurs qui régit toutes ses manifestations. Les valeurs en fonction desquelles vit une société déterminent tant sa vision du monde et ses institutions religieuses, que ses travaux, sa technologie scientifiques, son organisation politique et économique. Une fois que l'ensemble de ses valeurs et objectifs aura été exprimé et modifié, il constituera le cadre des perceptions, des considérations et des choix induisant l'innovation et l'adaptation sociale. Lorsque le système de valeurs se modifie -souvent en réponse à des pressions environnementales- de nouveaux modèles d'évolution culturelle apparaissent.

(...) L'économie est définie comme étant "la science qui a pour objet la connaissance des phénomènes concernant la production, la distribution et la consommation des richesses, des biens matériels dans la société humaine*".

* Définition Petit Robert

p. 175-176 ; "Milton Friedman se montra encore plus franc lors d'une allocution à l'Association économique américaine : "Je crois que nous, économistes, avons au cours de ces dernières années causé beaucoup plus de tort - à la société dans son ensemble et à notre profession en particulier- en promettant plus que nous ne pouvions donner." EN 1978, le ton a changé, la prudence cède la place au désespoir. Ainsi, Michael Blumenthal, alors secrétaire général du Trésor, déclara : "Je crois véritablement que les professionnels de l'économie sont sur le point de ne plus rien comprendre à la situation actuelle, que ce soit avant ou après les faits." En 1979, Juanita Kreps, secrétaire sortante de la Chambre de commerce, confia carrément qu'il lui paraissait impossible de reprendre son ancien travail en tant que professeur d'économie à l'université Duke, parce que, dit-elle : "Je ne saurais plus quoi enseigner."

(...) Au niveau le plus profond, la remise en question des concepts et des modèles économiques doit prendre en considération tout le système de valeurs sous-jacent et reconnaître sa relation avec le contexte culturel."

p. 177 ; "Au cours de l'Histoire, l'alimentation, l'habillement, l'habitation et les autres ressources de base n'étaient produits que pour leur valeur d'utilisation et étaient distribués au sein des tribus et des groupes sur la base de l'échange. Un système national de marché est un phénomène relativement récent qui apparut en Angleterre au XVIIème siècle et se répandit ensuite dans le monde entier pour aboutir à la notion de "marché" que nous connaissons aujourd'hui. Les marchés existent, bien-sûr, depuis l'Age de la Pierre, mais ils se basaient alors sur le troc, pas sur l'argent, et étaient donc par définition locaux.

(...) l'idée que les besoins humains sont illimités remonte au siècle des Lumières".

p. 179 ; "L'économie moderne, à proprement parler, a un peu plus de trois cents ans. Elle fut créée au XVIIème siècle par Sir William Petty, professeur d'anatomie à Oxford, de musique à Londres et médecin des armées d'Oliver Cromwell".

p. 186 ; "Karl Marx, qui doit beaucoup aux utopistes, considérait que leurs communautés ne pouvaient pas durer, parce qu'elles ne s'étaient pas dégagées "organiquement" du degré de développement économique matériel existant à l'époque. Aujourd'hui, il ne paraît pas impossible que Marx ait eu raison. Peut-être nous fallait-il attendre que s'installe la lassitude "post-industrielle" à l'égard de la consommation de masse et la prise de conscience de l'accroissement des coûts sociaux et environnementaux, sans parler de la limitation des ressources naturelles, pour réunir les conditions permettant au rêve utopiste de devenir réalité".

p. 191 ; "De récentes études ont mis en lumière certaines subtilités de la pensée organique de Marx, mais celles-ci ne séduisent guère la plupart des activistes qui préfèrent s'organiser autour de sujets plus simples. C'est sans doute pour cela que Marx déclara, à la fin de sa vie : "Je ne sui pas un marxiste."

(...) Sa critique sociale a inspiré des millions de révolutionnaires dans le monde entier et l'analyse marxienne de l'économie est respectée non seulement dans le monde socialiste mais encore dans la plupart des régions d'Europe, ainsi qu'au Canada au Japon et en Afrique -en fait pratiquement dans le monde entier à l'exception des États-Unis".

p. 198 ; "La conséquence la plus grave de cette croissance économique est l'épuisement des ressources naturelles de la planète. le rythme de cet épuisement fut prédit avec une précision mathématique étonnante dans les années cinquante par le géologue M. King Hubbert, qui essaya de présenter son hypothèse au président John Kennedy ainsi qu'à ceux qui lui succédèrent à la présidence des États-Unis, mais tous le considérèrent comme un excentrique. Entre-temps, l'Histoire a confirmé les prédictions de Hubbert jusque dans les moindres détails et on s'est enfin décidé, récemment, à lui rendre hommage.

Les estimations et les calculs de Hubbert indiquent que les courbes production/épuisement pour toutes les ressources naturelles non renouvelables affectent la forme d'une cloche, ne différant guère des courbes représentant la grandeur et la décadence des civilisations. Elles croissent d'abord graduellement, puis s'élèvent de manière spectaculaire, culminent et déclinent brutalement avant de s'épuiser. Ainsi, Hubbert prédit que la production de pétrole et de gaz naturel aux États-Unis culminerait dans les années 1970, et ce fut le cas ; et ensuite s'amorcerait la chute qui se poursuit aujourd'hui. Le même modèle prédit que la production mondiale de pétrole atteindra son point culminant dans les années 1990 et celle de charbon au cours du XXIème siècle. L'aspect important de ces courbes est qu'elles décrivent l'épuisement de toutes les ressources naturelles, du charbon, du pétrole, du gaz naturel, des métaux, forêts, réserves de poissons et même de l'oxygène et de l'ozone. Nous pouvons trouver des alternatives à la production d'énergie à partir de combustibles fossiles, mais cela ne mettra pas fin à l'épuisement de nos autres ressources. Si nous nous entêtons dans les schémas actuels de croissance indifférenciée, nous ne tarderons pas à épuiser la totalité de nos réserves".

p. 199 ; "Pour mener à bien une telle étude, il faut considérer que le taux de croissance dépend d'un jeu complexe entre des facteurs biologiques, sociaux et psychologiques".

p. 203 ; "Il devient donc indéniable, ainsi que le fit remarquer Henderson, que nous arrivons aux limites sociales, psychologiques et conceptuelles de la croissance avant même d'avoir atteint ses limites physiques."

p. 204 ; "Les multinationales contrôlent, en grande partie, le processus législatif, déforment l'information reçue par le public au moyen des médias et déterminent, largement, le fonctionnement de notre système d'éducation ainsi que l'orientation de la recherche".

p. 212 ; "Le Produit National Brut, par exemple, est supposé mesurer la richesse d'une nation, mais toutes les activités économiques associées à des valeurs monétaires sont additionnées de façon indiscriminée pour former le PNB alors que tous les aspects non monétaires de l'économie sont purement ignorés. Les coûts sociaux tels ceux engendrés par les accidents, les procès et les oins de santé sont ajoutés à l'actif du PNB ; le plus souvent, l'éducation est considérée comme une dépense plutôt que comme un investissement, alors que le travail effectué au sein des familles et les biens produits par un tel travail ménager ne sont pas pris en considération. Bien que l'imperfection d'une telle conception ne soit pas pris en considération. Bien que l'imperfection d'une telle conception soit largement reconnue, aucun effort sérieux n'est fait pour redéfinir le PNB comme une mesure effective de la production et des richesses".

p. 214 ; "La remise en question de l'économie n'est pas seulement une tâche intellectuelle, elle implique des changements profonds de notre système de valeurs. L'idée même de la richesse, élément central de l'économie, est inextricablement liée aux espérances, aux valeurs et aux modes de vie humains. Pour réussir à définir la richesse dans le cadre d'un contexte écologique, il nous faudra transcender les connotations actuelles de l'accumulation matérielle et lui accorder le sens plus large d'enrichissement humain. Une telle notion de la richesse, ainsi que du "profit" et d'autres concepts semblables ne pourra être soumise à une quantification rigoureuse et les économistes ne pourront donc plus s'intéresser aux valeurs en termes uniquement monétaires. En fait, nos problèmes économiques dénoncent le fait que l'argent, seul, ne fournit plus un système d'émulation satisfaisant".

p. 217 ; "La révision de nos théories et concepts fondamentaux sera si radicale qu'on est en droit de se demander si l'économie en tant que science sociale y survivra. En fait, plusieurs observateurs ont prédit la fin de l'économie. Je crois que l'approche la plus utile ne serait pas d'abandonner l'économie en tant que telle, mais de considérer que le cadre de notre pensée économique, si profondément ancré dans le paradigme cartésien, est un modèle scientifique dépassé. Il peut très bien s'avérer encore utile pour des analyses micro-économiques limitées, mais devra certainement être modifié et élargi. La nouvelle théorie, ou ensemble de modèles, impliquera vraisemblablement une approche systémique qui intégrera la biologie, la psychologie, la philosophie politique et d'autres disciplines, ainsi que l'économie, dans un contexte écologique plus large"."

p. 237 ; "Cette éternelle pratique de la culture écologique s'est modifiée de manière dramatique au cours des trente dernières années, lorsque les fermiers se détournèrent des produits organiques au profit des produits synthétiques, ce qui ouvrit de vastes marchés aux compagnies pétrolières. Alors que les compagnies pharmaceutiques manipulaient les médecins pour les amener à utiliser toujours plus de produits chimiques. L'industrie pharmaceutique et l'industrie pétrochimique devinrent toutes deux des secteurs d'activités multimilliardaires. Pour les fermiers, l'effet immédiat des nouvelles méthodes de culture fut une amélioration spectaculaire de la production agricole, et l'ère nouvelle de la culture chimique fut saluée comme étant la "Révolution Verte". Hélas, le revers de la médaille ne tarda pas à devenir apparent et, aujourd'hui, il est évident que la Révolution Verte n'a aidé ni les fermiers, ni la terre, ni les millions d'individus qui meurent toujours de faim. Les seuls gagnants furent les compagnies pétrochimiques".

p. 242 ; "Les terres riches et fertiles du Mexique, qui produisaient autrefois une douzaine d'aliments locaux, sont aujourd'hui consacrées à la culture des asperges pour les gourmets européens. D'autres propriétaires terriens, au Mexique, se tournent vers le raisin qui servira à faire du brandy alors qu'en Colombie, on abandonne le blé au profit des oeillets qui seront exportés vers les États-Unis. Le problème numéro 1 n'est pas une redistribution de la nourriture mais une redistribution du contrôle des ressources agricoles. Ce ne sera que lorsque ce contrôle sera démocratisé que les affamés seront enfin autorisés à manger ce qu'ils produisent. De nombreux pays ont déjà prouvé que de tels changements sociaux peuvent s'avérer concluants. En fait, 40 % de la population du Tiers Monde vit désormais dans des régions où la faim a pu être éliminée grâce à un combat commun. Ces régions n'envisagent pas l'agriculture comme un produit d'exportation mais comme un moyen de nourrir ses habitants. Une telle politique exige, ainsi que l'ont fait remarquer Moore Lappé et Collins, que les cultures industrielles soient plantées lorsque les habitants locaux auront satisfaits leurs besoins primaires, et que le commerce doit être considéré comme une extension des besoins domestiques plutôt que déterminé uniquement par la demande étrangère.

(...) Par ses efforts continuels pour étendre et accroître ses profits, le commerce agricole non seulement favorise la faim dans le monde mais se montre de plus extrêmement insouciant dans sa manière de traiter l'environnement naturel, au point de mettre sérieusement en péril l'écosystème global. Ainsi, des multinationales géantes telles que Goodyear, Volkswagen et Nestlé s'attaquent actuellement à des millions d'hectares dans le bassin de l'Amazone, au Brésil, pour élever du bétail destiné à l'exportation. Les conséquences environnementales de ce déboisement à outrance de vastes surfaces de forêts tropicales promettent d'être désastreuses".

p. 244 ; "Le mouvement de la santé holistique est très actif tant au sein du système médical qu'au dehors, et il est supporté et complété par d'autres mouvements populaires -les groupements écologiques, les organisations antinucléaires, les associations de consommateurs et les mouvements de libération sociale- qui ont compris l'importance des influences environnementales et sociales sur la santé et sont disposés à s'opposer à toutes formes d'agression contre la santé au moyen de l'action politique.

(...) En tant que physicien, je suis très heureux de constater que la vision du monde de la physique moderne non seulement a un fort impact sur les autres sciences mais possède, de plus, le potentiel d'être "thérapeutique" et de favoriser une unification culturelle".

p. 247 ; "La nouvelle vision de la réalité dont nous venons de parler se fonde sur une conscience de l'interdépendance essentielle de tous les phénomènes -physiques, biologiques, psychologiques, sociaux et culturels.

(...) Pour l'instant, il n'existe pas de cadre bien défini, conceptuel ou institutionnel, qui conviendrait à la formulation du nouveau paradigme, mais de nombreux individus, communautés, réseaux, élaborent de nouveaux modes de pensée, s'organisent en fonction de nouveaux principes et étudient déjà le profil que devrait présenter un tel cadre".

p. 250 ; "Les machines sont construites en assemblant un nombre bien défini de parties d'une manière précise et préétablie. D'autre part, les organismes montrent un degré élevé de souplesse et de plasticité interne. La forme de leurs composants peut varier dans une certaine limite et il n'est pas deux organismes qui aient des parties identiques. Bien que l'organisme, en tant que tout, montre des régularités et des modèles de comportement bien définis, les relations entre ses parties ne sont pas déterminées de manière rigide. Ainsi que Weiss l'a montré à l'aide d'un nombre impressionnant d'exemples, le comportement des parties individuelles peut, en fait, être si unique et irrégulier qu'il est parfaitement inapplicable à l'ordre du système dans son ensemble. Cet ordre est atteint par les activités coordinatives qui ne contraignent pas les parties de manière rigide mais laissent suffisamment de place à la variation et à la souplesse ; et c'est cette dernière qui permet aux organismes vivants de s'adapter aux circonstances nouvelles".

p. 271 ; "Ainsi que l'a résumé Ervin Laszlo : "il y a une progression de la multiplicité et du chaos vers l'unité et l'ordre."".

p. 273 ; "Ainsi que le disait Bateson : "L'Esprit est l'essence de la vie." Du point de vue systémique, la vie n'est pas une substance ou une force, et l'esprit n'est pas une entité interagissant avec la matière.

(...) La description de l'esprit comme un modèle d'organisation ou un ensemble de relations dynamiques est liée à la description de la matière en physique moderne. L'esprit et la matière ne semblent plus appartenir à deux catégories fondamentalement séparées, comme le croyait Descartes, mais peuvent être considérés comme représentant plus simplement des aspects différents du même processus universel".

p. 274 ; "Notre attitude sera toute différente lorsque nous aurons réalisé que l'environnement est non seulement vivant mais encore doté d'esprit comme nous-mêmes.

(...) Le cadre conceptuel de la nouvelle approche systémique n'est en aucune manière restreint par une éventuelle association entre cet esprit cosmique et l'idée traditionnelle de Dieu. Selon Jantsch : "Dieu n'est pas le créateur mais l'esprit de l'univers." Vue sous cet angle, la déité n'est ni mâle ni femelle, elle n'est pas non plus manifeste sous une forme personnelle ; elle ne représente ni plus ni moins que la dynamique auto-organisatrice de l'ensemble du cosmos".

p. 287-288 ; "Il (Teilhard de Chardin ) croyait que l'esprit se manifestait dans des systèmes plus vastes et il écrivit que, dans l'évolution humaine, la planète était couverte d'un tissu d'idées, pour lequel il inventa le terme "noosphère*".

Enfin, il considérait Dieu comme la source de tout être et en particulier de la force évolutive. Au vu du concept systémique de Dieu, dynamique universelle d'auto-organisation, nous pouvons dire que, de toutes les images utilisées par les mystiques pour décrire le Divin, le concept de Dieu de Teilhard, une fois dégagé de ses connotations patriarcales, peut très bien être celui qui se rapproche le plus des conceptions de la science moderne.

Teilhard de Chardin a souvent été ignoré, méprisé ou critiqué par les scientifiques incapables de dépasser le cadre réductionniste cartésien de leurs disciplines. Toutefois, dans le cadre de la nouvelle approche systémique de l'étude des organismes vivants, ses idées se trouveront éclairées d'un jour nouveau et pourront même contribuer de manière significative à mettre en évidence l'harmonie existant entre les visions des scientifiques et celles des mystiques.

* Du grec noos (esprit)".

p. 328-329 ; "Les modèles thérapeutiques que j'aborderai dans la fin de ce chapitre ne souscrivent pas nécessairement à la notion d modèles énergétiques fondamentaux, mais tous considèrent l'organisme comme un système dynamique dans lequel les aspects physiques, biochimiques et psychologiques sont interdépendants et doivent être équilibrés pour que l'organisme humain soit en bonne santé".

p. 330 ; "Un aspect important de cet équilibre est le flux régulier de courant nerveux à travers le corps, sur lequel se concentre la chiropractie.

(...) La chiropractie a engendré une technique particulière de test musculaire, connue sous le nom de kinésiologue appliquée *, qui est devenue un outil thérapeutique précieux permettant aux thérapeutes d'utiliser le système musculaire comme source d'information sur les divers aspects de l'état d'équilibre de l'organisme.

De plus, diverses thérapies par un massage se sont développées, inspirées pour beaucoup des techniques orientales telles que le shiatsu et l'acupressure.

* Kinésiologie, du grec kinesis (mouvement) ; c'est l'étude de l'anatomie humaine en relation avec le mouvement".

p. 334 ; "(...) des techniques de relaxation profonde se sont également développées en Occident (...) L'une des plus complètes et des plus efficaces est une méthode connue sous le nom de training autogène (...) c'est une forme d'auto-hypnose

(...) L'approche psychologique de la réduction du stress et des soins a reçu le soutien spectaculaire d'une nouvelle technologie, le biofeedback. Il s'agit

d'une technique qui aide un individu à assurer volontairement le contrôle de fonctions corporelles normalement inconscientes, en les contrôlant et en amplifiant les résultats électroniquement avant de les révéler".

p. 336-337 ; "Le cadre conceptuel et la thérapie développés par Carl Simonton, oncologiste*, et Stéphanie Matthew-Simonton, psychothérapeute, sont en parfaite concordance avec les visions de la maladie et de la santé que nous venons d'évoquer et ont des implications importantes pour bon nombre de secteurs de la santé et des soins.

(...) L'image populaire du cancer est conditionnée par la vision fragmentée du monde propre à notre culture, par l'approche réductionniste de notre science et par une pratique de la médecine orientée vers la technologie. Le cancer est considéré comme un envahisseur fort et puissant, qui frappe le corps de l'extérieur. Il semble n'exister aucun espoir de le contrôler et, pour la plupart des gens, il est synonyme de mort. Le traitement médical -radiations, chimiothérapie, chirurgie, ou encore une combinaison des trois- est agressif, négatif et blesse d'autant plus le corps. Les médecins en viennent de plus en plus largement à considérer le cancer comme un désordre systémique ; une maladie qui se manifeste de façon localisée mais qui a la capacité de se répandre, et qui implique véritablement le corps tout entier, la tumeur originelle n'étant que le sommet de l'iceberg.

* Oncologie, du grec onkos (grosseur, tumeur), étude des tumeurs cancéreuses".

p. 341 ; "La visualisation et la thérapie physique, à elles seules, ne sont pas suffisantes pour guérir des patients atteints de cancer. Selon les Simonton, la maladie physique est une manifestation de processus psychosomatiques sous-jacents qui peuvent être provoqués par divers problèmes psychologiques et sociaux. Aussi longtemps qu'ils ne seront pas résolus, le patient ne se rétablira pas, même si le cancer disparaît temporairement. Pour aider leurs patients à résoudre les problèmes à l'origine de leur maladie, les Simonton ont donné au conseil psychologique et à la psychothérapie une place importante dans leur approche. La thérapie se déroule généralement sous forme de séances de groupes, dans lesquelles les patients se soutiennent et s'encouragent mutuellement. Celles-ci se concentrent sur leurs problèmes émotionnels mais sans les dégager du contexte plus large de leur vie et, donc, prennent en considération les aspects sociaux, culturels, philosophiques et spirituels".

p. 342 ; "La confrontation avec la mort que les patients atteints de cancer doivent affronter touche au problème existentiel fondamental qui est caractéristique de la condition humaine. Ils sont donc tout naturellement amenés à reconsidérer leurs objectifs dans la vie, leurs raisons de vivre et leur relation avec le cosmos dans son ensemble. Les Simonton n'évitent aucun de ces problèmes dans leur thérapie, et c'est pour cette raison que leur approche es un bel exemple pour la médecine en général".

p. 343-344 ; "Jung, qui avait des contacts avec les plus éminents physiciens de son époque, avait bien conscience de ces similitudes. Dans l'un de ses principaux ouvrages, Aion , nous trouvons ce passage prophétique :

Tôt ou tard, la physique nucléaire et la psychologie de l'inconscient se rapprocheront, alors que toutes deux, indépendamment l'une de l'autre et à partir d'horizons opposés pénétreront plus avant le territoire transcendantale. (...) La psyché ne peut être entièrement différente de la matière ; si c'était le cas, comment déplacerait-elle la matière ? Et la matière ne peut être étrangère à la psyché, car autrement, comment la matière pourrait-elle créer la psyché ? La psyché et la matière existent dans le même monde et chacune dépend de l'autre, autrement toute action réciproque serait impossible. Si seulement la recherche pouvait progresser assez loin, nous devrions en arriver à un accord ultime entre les concepts physiques et psychologiques. Nos tentatives actuelles sont peut-être audacieuses, mais je crois qu'elles sont sur la bonne voie."

p. 345 ; "La différence fondamentale entre les psychologies de Freud et de Jung se situe au niveau de leurs visions de l'inconscient. Pour Freud, l'inconscient était essentiellement de nature personnelle, contenant des éléments qui n'avaient jamais été oubliés ou réprimés. Jung reconnaissait la validité de ces aspects, mais il croyait que l'inconscient était beaucoup plus que cela. Il le considérait comme la source même de notre Conscience et prétendait que nous commençons notre vie avec notre inconscient et non pas avec une tabula rasa, ainsi que le croyait Freud. Selon Jung, l'esprit conscient "émerge d'une psyché inconsciente qui est plus vieille que lui, voire en dépit de lui". En conséquence, Jung distinguait deux domaines de la psyché inconsciente : un inconscient collectif qui représente une couche plus profonde de la psyché et est commun à toute l'humanité".

p. 346 ; "Parallèlement, les modèles de la matière et les modèles de l'esprit sont de plus en plus largement reconnus comme des reflets les uns des autres, ce qui suggère que l'étude de l'ordre, tant dans la connectivité causale qu'acausale, peut être un moyen efficace d'explorer la relation entre les domaines internes et externes."

p. 348 ; "L'un des mouvements les plus dynamiques et les plus enthousiastes qui naquirent du mécontentement à l'égard de l'orientation mécaniste de la pensée psychologique, fut l'école de la psychologie humaniste animée par Abraham Maslow. Maslow rejeta la vision freudienne de l'humanité, lui reprochant d'être dominée par des instincts inférieurs ; il critiqua Freud pour avoir construit ses théories du comportement humain à partir de l'étude d'individus névrotiques et psychotiques. Maslow affirmait que des conclusions basées sur l'observation de ce qu'il y avait de pire chez les êtres humains, au lieu de ce qu'il y avait de meilleur, ne pouvaient que présenter une vision tronquée de la nature humaine. "Freud nous a légué la moitié malade de la psychologie, écrit-il, nous devons maintenant lui substituer la moitié saine." La critique que Maslow adressait au behaviorisme était tout aussi véhémente. Il refusait de considérer les êtres humains simplement comme des animaux complexes répondant aveuglément à des stimuli environnementaux et mit en exergue la nature problématique et la valeur limitée de la confiance que les behavioristes accordaient aux expériences réalisées sur des animaux. Il reconnaissait que l'approche behavioriste était très utile pour découvrir les caractéristiques que nous partageons avec les animaux mais croyait qu'une telle approche était totalement inutile lorsqu'il était question de chercher à comprendre des éléments tels que la conscience, la culpabilité, l'idéalisme, l'humour, etc., qui sont spécifiquement humains.

(...) Plutôt que d'étudier le comportement des rats, des pigeons ou des singes, les psychologues humanistes se concentrèrent sur l'expérience humaine et affirmèrent que les sentiments, les désirs et les espoirs étaient aussi importants dans une théorie cohérente du comportement humain que les influences externes".

p. 349-350 ; "Alors que les psychologues humanistes reprochaient à Freud sa conception de la nature humaine, trop fondée sur l'étude d'individus malades, un autre groupe de psychologues et de psychiatres avançaient que le défaut majeur de la psychanalyse était son manque de considérations sociales. Ils firent remarquer que la théorie de Freud ne fournissait pas de cadre conceptuel pour les expériences partagées par les êtres humains et qu'elle ne permettait pas de traiter les relations interpersonnelles ou la dynamique sociale plus large. Pour pouvoir étendre la psychanalyse à ces nouvelles dimensions, Harry Stack Sullivan s'attacha plus particulièrement aux relations interpersonnelles dans la théorie et la pratique psychiatriques. Il affirmait que la personnalité humaine ne pouvait être séparée du réseau de relations des relations humaines dans lequel elle existait. Il définit explicitement, la psychiatrie comme étant une discipline consacrée à l'étude des relations et interactions interpersonnelles. Une autre école de psychanalyse sociale, fondée par Karen Horney, s'attacha aux facteurs culturels dans le développement des névroses. Elle critiqua Freud qui ne prenait pas en considération les déterminants sociaux et culturels de la maladie mentale et mit également en exergue le manque de perspective culturelle dans sa manière d'envisager la psychologie féminine".

p. 375 ; "Selon la vision systémique, l'économie est un système vivant composé d'êtres humains et d'organisations sociales en interaction continue les uns avec les autres, ainsi qu'avec les écosystèmes environnants dont dépend notre vie. Comme les organismes individuels, les écosystèmes sont des systèmes auto-organisés et auto-régularisés dans lesquels les plantes, les animaux, les microorganismes et les substances inanimées sont reliés à travers un réseau complexe d'interdépendances impliquant l'échange de matière et d'énergie au sein de cycles continus. Les relations de cause à effet linéaires n'existent que très rarement dans ces écosystèmes, les modèles linéaires ne sont donc pas très utiles pour décrire les interdépendances fonctionnelles des systèmes sociaux et économiques qu'ils englobent, ainsi que de leurs technologies".

p. 376 ; "Le respect pour la nature est encore renforcé par la constatation que la dynamique d'auto-organisation dans les écosystèmes est fondamentalement la même que dans les organismes humains, ce qui nous force à réaliser que notre environnement naturel est non seulement vivant mais encore conscient.

(...) Tout d'abord il est une taille optimale pour chaque structure, organisation ou institution , maximiser une seule variable -profit, rendement, ou PNB, par ex.- détruira inévitablement le système plus large.

(...) Ce sont des choix entre des principes d'auto-organisation -centralisation ou décentralisation, priorité au capital ou au travail, technologies dures ou douces- qui affectent la survie de l'humanité dans son ensemble".

p. 377 ; ""Pense globalement, agit localement.""

p. 378 ; "Ainsi que Kenneth Boulding, Hazel Henderson et plusieurs autres l'ont fait remarquer, la nécessité d'approches pluridisciplinaires pour nos problèmes économiques actuels implique la fin de la prédominance de l'économie comme base de la politique nationale. Elle demeurera vraisemblablement une approche appropriée pour des problèmes de comptabilité et diverses analyses des micro-régions, mais ses méthodes ne sont plus adaptées à l'examen des processus macro-économiques. Un nouveau rôle important pour l'économie sera celui d'estimer, aussi précisément que possible, les coûts sociaux et environnementaux des activités économiques -sur le plan financier, santé ou sécurité- afin de les intégrer dans les comptes des entreprises publiques et privées. Les économistes auront la responsabilité d'identifier les relations entre des activités spécifiques du secteur privé et les coûts sociaux qu'elles engendrent dans le secteur public. Par exemple, la nouvelle façon de faire les comptes devrait imputer aux compagnies de tabac une partie raisonnable des coûts médicaux provoqués par la cigarette et aux distilleries une partie correspondante des coûts sociaux provoqués par l'alcoolisme. Cette façon de voir est déjà à l'étude et devrait déboucher sur une redéfinition du produit national brut et d'autres concepts assimilés. En fait, les économistes japonais ont déjà commencé à reformuler leur PNB en fonction d'un nouvel indicateur dans lequel les coûts sociaux sont déduits".

p. 379-380 ; "L'une des erreurs principales de toutes les écoles de pensée économiques est leur insistance sur l'utilisation de l'argent comme seule variable capable de mesurer l'efficacité des processus de production et de distribution.

(...) La plupart de ces activités -travaux ménagers, soins des enfants et des personnes âgées- se monétisant et s'institutionnalisant, les valeurs permettant aux gens de se rendre mutuellement des services gratuits se dégradent ; la cohésion sociale et culturelle se dissout ; et l'économie souffre, comme on pouvait s'y attendre, d'une "productivité déclinante".

(...) Les modèles d'énergie, prônés par Howard Odum, ingénieur et environnementaliste, sont désormais appliqués dans plusieurs pays par des scientifiques ingénieux de diverses disciplines.

(...) La mesure de l'efficacité des processus de production en fonction d'énergie nette -qui est de plus en plus largement acceptée- suggère que l'entropie -une quantité liée à la dissipation de l'énergie- est une autre variable importante pour l'analyse des phénomènes économiques. Le concept d'entropie fut introduit dans la théorie économique par Nicholas Georgescu-Roegen, dont l'oeuvre est considérée comme la première reformulation cohérente de l'économie depuis Marx et Keynes. Selon Georgescu-Roegen, la dissipation d'énergie, telle que décrite dans le deuxième principe de thermodynamique, n'est pas seulement applicable aux performances des moteurs à vapeur mais aussi au fonctionnement d'une économie.

(...) Pour éviter un futur aussi sombre, il sera nécessaire de juger les activités et les technologies économiques non plus en fonction d'une efficacité économique définie de manière étroite mais d'une efficacité thermodynamique, qui se traduira par un changement radical des priorités.

(...) Comme les concepts d'efficacité et de PNB, ceux de productivité et de profit devront être définis dans un contexte écologique plus large et reliés aux deux variables de base d'énergie et d'entropie.

(...) il ne convient pas de décrire des systèmes vivants, auto-organisés -qu'il s'agisse d'organismes individuels, de systèmes sociaux ou d'écosystèmes- pour lesquels la théorie de Prigogine fournit une description beaucoup mieux adaptée".

p. 382 ; "De ce fait, le passage à un système social et économique équilibré demandera un changement correspondant des valeurs -l'affirmation de soi et la compétition céderont la place à la coopération et à la justice sociale ; l'expansion à la conservation ; l'acquisition matérielle à la croissance intérieure.

(...) Ainsi que l'écrivit Walter Weisskopf, dans son livre Alienation and Economics , les contraintes capitales à la vie humaine ne sont pas d'ordre économique mais existentiel. Elles sont liées à nos besoins de plaisir et de contemplation, de paix de l'esprit, d'amour, de communauté et de réalisation de soi, ; autant d'éléments satisfaits à un plus grand degré par le nouveau système de valeurs.

(...) Le critère de taille doit tenir compte des dimensions humaines. Ce qui est trop grand, trop rapide, trop encombré par rapport aux dimensions humaines est ainsi !"

p. 383-384 ; "De telles considérations s'appliquent également à la décentralisation du pouvoir politique. Durant la seconde moitié de notre siècle, il est devenu de plus en plus évident que l'Etat-nation n'est plus maniable en tant qu'unité de gouvernement efficace. Il est trop grand pour les problèmes posés par sa population locale et, en même temps, trop limité par des concepts étroits pour les problèmes d'interdépendance globale.

(...) En conséquence, la décentralisation politique et le développement régional sont devenus des besoins urgents de tous les grands pays. Cette décentralisation du pouvoir économique et politique devra inclure une redistribution de la production et des richesses, équilibrer alimentation et population au sein des pays et entre les nations industrialisées et le Tiers Monde. En fin de compte, au niveau planétaire, la reconnaissance du fait que nous ne pouvons "diriger" la planète mais que nous devons nous intégrer harmonieusement dans ses multiples systèmes auto-organisateurs demande une nouvelle éthique planétaire et de nouvelles formes d'organisation politique.

(...) Les collecteurs d'énergie solaire, les générateurs éoliens, la culture biologique, la production et le traitement alimentaires régionaux et locaux, ainsi que le recyclage des déchets, sont autant d'exemples de telles technologies douces".

p. 385 ; "En fait, la conscience écologique fait clairement apparaître qu'il nous faut préserver nos ressources physiques et développer nos ressources humaines.

(...) La puissance nucléaire est de loin la composante la plus dangereuse de la voie de l'énergie dure".

p. 386 ; "Un éminent conseiller aux investissements des services publics a récemment conclu une enquête consacrée à l'énergie nucléaire par la déclaration suivante : "La conclusion à laquelle il nous faut arriver, est que d'un point de vue uniquement économique, se reposer sur la fission nucléaire comme source première de nos réserves d'énergie constitue une folie économique sans précédent dans l'histoire.""

p. 392 ; "Il nous faut cependant tenir compte du fait que la production de combustibles liquides à partir des produits agricoles ne pourra maintenir notre système de transport à son niveau actuel. Pour y parvenir, il faudrait une production massive d'alcool, ce qui serait une utilisation irresponsable de nos terres puisqu'elle provoquerait leur érosion rapide, ainsi que l'a fait observer Wes Jackson. Bien que la biomasse soit une ressource renouvelable, la terre dans laquelle elle croît ne l'est pas. Nous pouvons certainement espérer une production importante d'alcool à partir de la biomasse, y compris des récoltes, mais un programme de production massive de combustible à base d'alcool visant à satisfaire nos besoins actuels épuiserait notre terre au même rythme que nous épuisons actuellement nos ressources de charbon, de pétrole, et d'autres encore. La solution à ce dilemme serait de revoir radicalement notre système de transport, en particulier aux États-Unis, ainsi que bien d'autres aspects de nos modes de vie dispendieux et consommateurs de ressources. Cela ne signifie pas pour autant qu'il nous faudra réduire notre niveau de vie. Au contraire, cela améliorera sa qualité".

p. 393 ; "Des cogénérateurs pourraient facilement être produits à grande échelle par l'industrie automobile, ainsi que Fait a déjà commencé à le faire en Italie. La transition du gaz naturel au méthane solaire se ferait de manière tellement progressive qu'elle passerait pratiquement inaperçue. En fait, elle est déjà en cours dans certaines parties des Etats-Unis, comme à Chicago".

p. 398 ; "Alors que l'environnementalisme étroit s'intéresse à un contrôle et à une organisation plus efficaces de l'environnement naturel au bénéfice de "l'Homme", le mouvement de l'écologie profonde reconnaît que l'équilibre écologique nécessitera d'importantes modifications de notre conception du rôle des êtres humains dans l'écosystème planétaire. En bref, elle nécessitera une nouvelle base philosophique et religieuse".

"Nous sommes condamnés à changer de mode de pensée, de façon de vivre et par conséquent de société" F. Capra

[haut de la page]